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Produire la performance sportive

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Appel clos

La revue Sociologie du travail publie périodiquement des numéros thématiques (en moyenne un par an). Elle fait évoluer ses procédures autour du principe de l’appel public et ouvert à contributions.

Chaque numéro est coordonné par une équipe qui associe collègues extérieurs et membres du comité de rédaction. Les coordonnateurs diffusent le plus largement possible les appels à contributions ; ils reçoivent des propositions argumentées d’articles (8.000 à 10.000 signes) et procèdent à une sélection ; les contributeurs sélectionnés soumettent leur article pour une évaluation anonyme par le comité de rédaction selon ses procédures habituelles.

The periodical Sociologie du Travail occasionally publishes themed numbers based on a public and open call for contributions, coordinated by a team made up of external colleagues and members of the editorial board.

The upcoming special number of Sociologie du travail will cover research on the production of sports performance, with the aim of offering a diversity of sociological viewpoints on this form of work which go beyond mere criticism of sports marketing. In this approach, research questions to potential contributors are identified as avenues for exploration that are open and not mutually exclusive. Here, these questions relate to four major lines of investigation.


Produire la performance sportive

Coordination : Olivier Aubel, Didier Demazière, Olivier Le Noé, Fabien Ohl, Catherine Paradeise

Les propositions de contribution prendront la forme d’un texte de 8.000 à 10.000 signes (hors bibliographie). Ce texte présentera le sujet abordé et son positionnement dans la littérature, l’enquête empirique et les matériaux, les résultats attendus.
Elles doivent être envoyées sous format électronique avant le 30 octobre 2013 à l’adresse de la rédaction : socio.dutravail@sciences-po.fr.

Le travail dans le secteur du sport a fait l’objet de recherches sociologiques relativement nombreuses depuis la fin des années 1990. En France, les travaux ont pour beaucoup porté sur la professionnalisation des organisations sportives, les carrières des sportifs, la délimitation des contours d’un marché de l’emploi sportif ou encore l’insertion des sortants de formation universitaire en sciences du sport (STAPS). Ces travaux ont émergé dans un contexte de structuration d’une branche professionnelle « sport » et ont été essentiellement consacrés aux métiers de l’intervention sportive, particulièrement pour identifier des compétences proprement sportives. Au niveau international, les chercheurs, notamment anglo-saxons, se sont davantage focalisés sur les discriminations sexuelles et raciales d’accès aux marchés du travail sportif, et sur leur globalisation et ses effets, en prenant par exemple pour objet les migrations des travailleurs du sport.

Dans ce champ de recherche relativement fécond, le travail qui conduit à produire de la performance, entendu comme pratique orientée vers la compétition, a été moins observé alors que l’établissement de classements, de hiérarchies est au cœur même des mondes sportifs. Quand elle a été étudiée, la production de performance l’a surtout été dans une perspective critique, sous l’angle des différentes dimensions de la subordination au travail de sportifs.

Ce constat sur l’état de la production sociologique consacrée au travail sportif est à l’origine de cet appel à contributions. L’objectif du numéro lancé par Sociologie du travail est de rendre compte des travaux centrés sur la production de la performance afin d’offrir une diversité de points de vue sociologiques sur ces activités laborieuses, au-delà de la seule critique de la mise en marché de la pratique sportive. Cette perspective pointe sur des questions de recherche proposées aux contributeurs comme autant de pistes de réflexion ouvertes et non mutuellement exclusives. Elles sont formulées ici autour de quatre grandes orientations.

1. Organisation du travail et production de la performance
La performance sportive est souvent individualisée à travers la figure des champions. Mais la production des performances est inséparable d’une organisation du travail à laquelle contribuent nombre d’acteurs et institutions. Qui fait quoi, avec qui et comment pour préparer les sportifs à la compétition, pour les recruter, les former, les soigner, les financer ou encore les médiatiser ? Peut-on dessiner la division du travail, les coopérations, les conflits, les hiérarchies qui s’établissent de manière plus ou moins nette entre les différents corps, professionnels ou non, engagés dans la production de la performance (entraîneurs, agents, médecins, dirigeants, mais aussi famille, proches, etc.) ? Comment s’agencent les contributions de ces acteurs, qu’il s’agisse de la détection et de la formation d’une élite sportive potentielle, ou de la sélection et de la différenciation de talents au sein de ce groupe ? Les mécanismes d’invisibilisation du caractère collectif de ce travail qui débouche sur la mise en avant de superstars et de singularités peuvent aussi être interrogés. Émergent également des questionnements sur les compétences et qualifications qui ouvrent accès à ces groupes professionnels, que ce soit par l’expérience du sport de haut-niveau, par l’exhibition de savoirs scientifiques et techniques, etc.

2. Expériences du travail et production de la performance
La performance sportive est le résultat d’une longue préparation, associant entrainement et socialisation, engagement dans des apprentissages et interprétation d’expériences spécifiques. On pourra s’intéresser ici à la pratique concrète des activités de préparation physique, de soins, mais aussi à la scène compétitive en intégrant notamment la question de la médiatisation des performances. Comment les sportifs composent-ils avec les deux univers de significations dans lesquels leurs pratiques les conduit à évoluer : monde sportif du haut niveau où ils font souvent l’expérience de la précarité, et monde « profane » où se produit, se finance, s’utilise et se consomme leur spectacle mais où s’expérimente aussi, pour certains, la célébrité ? Interroger l’expérience du travail en matière de production de performance peut aussi conduire à étudier les processus de socialisation qui accompagnent l’amélioration des performances : quels sont leurs effets sur les pratiques et les représentations des travailleurs du sport, comment ceux-ci sont-ils accompagnés, encadrés ou soutenus dans ces processus ? Les propositions pourront ainsi porter sur le lien entre, d’une part, les dispositifs d’enchantement sportif d’une activité laborieuse dont le corps est l’outil et, d’autre part, des expériences plus douloureuses d’un travail intensif qui engage l’usure des corps et des esprits.

3. Aléas du travail et production de la performance
La performance sportive se dessine le long de parcours variables selon les disciplines, mais marqués par des incertitudes et des aléas récurrents. Même si elle mériterait d’être mieux objectivée par la production de données solides, la précarité semble caractériser les parcours de nombre de sportifs engagés dans la production de performances. Peut-on mieux identifier les incertitudes qui pèsent sur eux, les discontinuités de leurs carrières, la versatilité de leurs conditions d’emploi et la fragilité de leur situation économique et juridique ? Peut-on caractériser, en complément, les pratiques et dispositifs destinés à contrer ces vulnérabilités et ces aléas inhérents à la préparation à la compétition ? L’appréhension de ces multiples facteurs de vulnérabilité par les acteurs publics et privés du sport est très variable. Certaines disciplines sportives bénéficient de politiques d’accompagnement des carrières (et des après-carrières), mais en quoi consistent-elles et quels en sont les effets ? Quel est le rôle des organisations sportives, internationales, nationales ou locales, dans la régulation du travail de formation à la performance sportive ?

4. Marché du travail et production de la performance
La performance sportive est l’objet de valorisations contrastées, car inscrites dans des marchés du travail hétérogènes. Il importe donc de mieux comprendre ces marchés qui lient les propriétés distinctives des sportifs comme travailleurs et les rétributions symboliques et monétaires qui en expriment la valeur. À travers quelles épreuves comparatives les écarts de performance sont-ils perçus, consolidés ou discutés, et par quels mécanismes sont-ils reconnus, récompensés ou valorisés ? Comment s’établit la commensurabilité des singularités sportives ? Les formes de valorisation de la performance contribuent-elles à amplifier les écarts et à creuser les inégalités selon des mécanismes cumulatifs et d’auto-renforcement ? Quelles sont les disparités de cette « bourse à la valeur sportive » selon les disciplines, les pays, les niveaux de compétition ? Peut-on décrire les mécanismes de régulation de cette mise en équivalence, les jeux d’acteurs qui y président ? Quelles sont les luttes sur la définition de la valeur, et quels en sont les effets, notamment en matière d’institutionnalisation de critères de jugement des mérites et propriétés sportives qui justifient les rétributions ? Comment les mutations de la pratique et du spectacle sportif affectent-elles l’économie des jugements des singularités ?

Ces quatre orientations ouvrent de multiples pistes de recherche, qui doivent permettre de mieux saisir les conditions, modalités, exigences et conséquences de la production de la performance sportive. Les propositions devront apporter une contribution significative à cette interrogation centrale. Celle-ci ne se superpose pas avec la question du professionnalisme, lequel est diversement développé selon les sports. Les contributeurs sont donc invités à de ne pas limiter leur investigation aux seuls sportifs dits professionnels. D’ailleurs, le terme consacré de « professionnalisme marron » indique que les sportifs qui sont dûment rémunérés ne sont pas les seuls à consentir la charge de travail nécessaire à l’accomplissement de performances de haut niveau. Les investigations ne doivent pas plus être limitées aux seuls sportifs car s’ils incarnent souvent la performance, celle-ci doit être regardée comme une production collective. Il importe donc d’explorer l’écologie de cette performance et les contributions d’acteurs multiples (professionnels, institutions, médias, sponsors, spectateurs, entourage familial, etc.). Le sportif doit ainsi être appréhendé comme une composante de ce système productif et reproductif. Enfin, l’ambition de ce numéro centré sur la performance sportive est de prendre en compte la variété des configurations d’organisation, d’expériences, d’aléas et de marchés du travail en rassemblant des contributions portant sur une large gamme de disciplines sportives.

Les intentions de contributions présenteront le sujet abordé et son positionnement dans la littérature, l’enquête empirique, les matériaux et les résultats attendus.

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La procédure se déroule en trois temps :

1.# Les intentions de contributions prendront la forme d’un texte de 8.000 à 10.000 signes (hors bibliographie). Elles doivent être adressées en format électronique au secrétariat de rédaction de la revue avant le 30 octobre 2013.

2.# Les résultats de la pré-sélection, effectuée par les coordinateurs, seront communiqués au plus tard le 15 décembre 2013.

3.# Les auteurs dont la proposition a été présélectionnée devront adresser leur article (75.000 signes maximum) au plus tard le 15 mars 2014 au secrétariat de rédaction. Les articles, anonymisés, seront évalués dans les conditions habituelles par le comité de rédaction de la revue.

Secrétariat de rédaction de la revue : socio.dutravail@sciences-po.fr
Coordination : Olivier Aubel, Didier Demazière, Olivier Le Noé, Fabien Ohl, Catherine Paradeise.

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