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Lauréats du Prix du jeune auteur 2013
Les articles sont publiés dans Sociologie du travail 56 (3)
Fidèle à sa tradition, le prix du jeune auteur de notre revue récompense cette année trois articles sur un total de quatorze propositions. L’objectif est toujours le même : offrir l’opportunité à de jeunes auteurs de valoriser un travail de recherche en s’appropriant les codes de l’écriture scientifique et en jouant le jeu de l’évaluation par les pairs. Les articles qui ont été évalués cette année sont, à quelques exceptions près, de haute tenue. Le jury était composé de trois collègues extérieurs à Sociologie du travail (Anne-Marie Arborio du Lest, Jean-Louis Génard du Grap-ULB, Maud Simonet de l’IDHES) et de trois membres du comité de rédaction (Didier Demazière, Arnaud Mias, Laure de Verdalle). Michel Lallement a rempli la fonction de coordinateur. La sélection des articles primés a été effectuée en deux temps, avec un choix final qui a porté sur cinq articles restant en lice. Même s’ils n’ont pas passé le cap du premier tour, plusieurs jeunes auteurs ont soumis des textes intéressants et prometteurs. Aussi ont-ils été incités à soumettre une deuxième version de leur proposition pour publication dans la revue.
Deux premiers prix ex æquo et un troisième prix ont été attribués.
Anne Jourdain (premier prix ex æquo), titulaire d’un doctorat de sociologie de l’université d’Amiens réalisé sous la direction de Frédéric Lebaron, membre du Curapp et Ater à Paris-Est Créteil, est l’auteur d’un article consacré aux origines sociales de la « vigilance entrepreneuriale » (notion initialement forgée par l’économiste autrichien Israël Kirzner). En étudiant les artisans d’art grâce à de nombreux entretiens, d’observations et d’un questionnaire, elle montre que, pour réaliser un profit intéressant et pouvoir équilibrer leurs comptes, les artisans diversifient leur production à l’aide de menus objets moins coûteux que leurs productions principales. Une telle stratégie exige l’acquisition d’un savoir-faire (évaluation de la demande, calcul des coûts de production) qui permet d’identifier la possibilité de réaliser un profit minimal. Mais cette stratégie est également dépendante des normes de métier qui conditionnent, de façon variable d’une spécialité à l’autre, la production secondaire effectuée.
Pierre-Edouard Weill (premier prix ex æquo), titulaire d’un doctorat en science politique soutenu à l’IEP de Strasbourg sous la direction de Vincent Dubois, post-doctorant au Centre Mahler (Paris 1), a rédigé pour sa part un article consacré au travail quotidien effectué par les associations qui interviennent en tant que maillon de l’action publique. L’objet est plus précisément la mise en œuvre de la loi sur le droit au logement opposable. À l’aide d’un solide matériau ethnographique, l’auteur rend compte de l’organisation du travail des bénévoles qui accueillent et conseillent les mal-logés, des conditions matérielles dans lesquelles s’effectue le suivi du demandeur de logement, ainsi que des conditions d’obtention et d’efficacité du soutien prodigué. L’analyse d’un échantillon de dossiers de recours auprès des commissions montre par ailleurs que le travail associatif paye : l’action des bénévoles facilite effectivement l’accès au logement social.
Le troisième prix a été attribué à Nicolas Charles, auteur d’une thèse de sociologie réalisée sous la direction de François Dubet au Centre Emile Durkheim de l’université de Bordeaux. Son article propose une comparaison des modalités de passage des études supérieures vers le marché du travail dans trois pays. L’auteur, qui a effectué une analyse secondaire d’enquêtes quantitatives ainsi qu’une soixantaine d’entretiens semi-directifs, montre que, en Angleterre, l’acquisition d’une employabilité passe prioritairement par l’articulation entre l’acquisition d’un savoir désintéressé dispensé par l’université et la valorisation d’expériences extra-scolaires. En Suède, les étudiants alternent périodes d’études et d’emploi, ou travaillent à temps partiel tout en continuant à étudier. La France se singularise par l’existence d’une période d’insertion professionnelle, pour partie intégrée à l’enseignement supérieur (formations professionnalisantes, stages), qui signale moins l’emprise d’une logique néo-libérale que la persistance d’une « pensée adéquationniste » dont les racines remontent aux Trente Glorieuses.
Ces trois articles seront publiés dans le volume 56 (3) de Sociologie du travail, à paraître à l’automne 2014.
Nous invitons dès maintenant les jeunes auteurs à proposer leurs articles pour l’édition 2014.